Zapping Autonews Green Mondial de l’Auto 2022 : Renault R5 Turbo 3E (2022)
Finie l’époque où les grands constructeurs historiques rivalisaient de créativité pour attirer les visiteurs sur leurs stands, tous plus grands les uns que les autres, au Mondial de l’Automobile de Paris. En tout cas pour cette édition 2022, où seul le groupe Renault et, dans une moindre mesure, Peugeot, DS et Jeep du groupe Stellantis, conservent quelques bonnes habitudes en termes de présentation. Et puis, dans l’espace vacant, des firmes asiatiques émergent sur de généreuses surfaces où les modèles sont nombreux, avec un sens de la mise en valeur simple mais efficace.
Les groupes chinois à la manœuvre
Ce sont elles qui occupent désormais les plus grands emplacements. Outre le vietnamien VinFast, deux groupes chinois sont venus en force, un dans chacun des pavillons principaux du salon. Le premier se nomme BYD, abréviation de « Build Your Dreams » (« construisez vos rêves »). Quant au second, il s’agit de Great Wall Motor (GWM), représenté par deux de ses marques : Wey et Ora. Ils comptent parmi les plus grands constructeurs chinois aux côtés de Brilliance, Chery, Geely ou encore SAIC Motor, ce qui, par extension, les placent sur la liste des grands constructeurs mondiaux grâce à leur immense marché automobile national.
Autant de groupes qui souhaitent intégrer le marché européen, si ce n’est déjà fait pour certains. BYD planifie ainsi d’arriver très rapidement dans neuf pays en Europe et a déjà ouvert plusieurs concessions en France. Great Wall Motor vient tout juste d’ouvrir son configurateur en ligne en Allemagne, les premières concessions devant être inaugurées d’ici la fin de l’année tandis que les marchés britanniques et français suivront. Leur présence sur ce salon à Paris sonne presque comme une évidence.
Rivalité à l’allemande côté chinois
Alors que Mercedes choisissait de présenter ses derniers gros SUV électriques au cœur de Paris en parallèle du salon, le délaissant au passage, c’est en quelque sorte à travers BYD et GWM que l’on retrouve une lutte éloignée d’influence germanique, par le jeu des « joint-ventures ». Des coentreprises avec les acteurs locaux en Chine que les sociétés étrangères qui souhaitent intégrer le marché chinois doivent accepter de former, partageant, de fait, une part de leur savoir-faire technologique pour accélérer le développement de ces acteurs locaux. C’est ainsi qu’a notamment été créée une coentreprise entre BYD et Daimler (Mercedes-Benz) et que Great Wall profite d’une association avec BMW.
BYD
Ora Cat | Nos photos de la citadine électrique au Mondial de l’Auto+20
BYD HanCredit Photo – Autonews
L’apprentissage auprès des grandes marques européennes touche à la technique et aux méthodes de fabrication, non à l’esthétique. Le style est propre à BYD et il est difficile de déceler la moindre inspiration Mercedes. On pourra éventuellement trouver sur la grande berline routière Han, à l’intérieur, une similitude avec la précédente génération de la Classe C à l’étoile, au niveau du couvercle de rangement au bas de la planche de bord mais aussi à celui de la platine de commandes sur la console centrale et ses roulettes très similaires ou encore du haut des contre-portes avant, que ce soit pour le panneau d’habillage qui s’y trouve, l’implantation du haut-parleur dans la continuité du tableau de bord ou le revêtement supérieur arrondi, surpiqué et légèrement torsadé.
Cette BYD Han, de 5 mètres de long, fait belle impression. Autant pour son style fluide, avec une poupe statutaire à la signature lumineuse 3D et à l’inscription chromée de la marque en toutes lettres, que pour son niveau de finition intérieure. Le cuir, les habillages à effet carbone en relief, les boutons de vitres en métal complétés à l’arrière par celui du réglage électrique du dossier, inclinable sur quelques degrés, le choix des matériaux, séduisent. Les assemblages également. Un habitacle luxueux en rapport avec le standing de l’auto. La version équipée de la sellerie en suédine est moins agréable au toucher, trahissant une composition synthétique en plastique qui manque nettement de douceur.
Des écrans rotatifs
Particularité commune aux trois modèles présentés sur ce stand BYD, un écran central qui pivote électriquement, passant de l’horizontale à la verticale. Selon les modèles ou les finitions, il mesure 12,8″ ou 15,6″. L’instrumentation numérique de 12,3″ est réservée à la Han ainsi qu’au SUV 7 places Tang (4,87 m de long), alors que le SUV compact Atto 3 (4,46 m), se contente d’une dalle de 5″ derrière le volant mais cette fois, implantée façon tablette plutôt qu’encastrée sous une casquette.
Cet Atto 3 se démarque même franchement à l’intérieur, par des formes originales, une planche de bord ondulée, comme étirée à ses extrémités à la manière d’un chewing-gum. Les poignées adoptent la forme de pads posés sur les haut-parleurs ronds qui dépassent du haut des contre-portes, eux-mêmes équipés d’un cerclage lumineux lié à l’éclairage d’ambiance. Les couleurs du mobilier sont claires, avec par exemple du blanc et du bleu, ainsi que des touches de rouge pour les trois élastiques superposés qui maintiennent les objets dans les bacs de portes. Ces élastiques sont fixés sur les haut-parleurs, imitant alors une guitare à laquelle on peut jouer, en tirant sur ce qui lui sert donc de cordes.
Le plus grand BYD Tang s’avère aussi plus classique en présentation mais il respecte des standards de construction équivalents. Le cache du moyeu de volant est moins valorisant que le reste, mais c’est le cas sur les deux autres modèles également. Ses dossiers du deuxième rang s’inclinent manuellement avec une grande amplitude de réglages et il y a de la place à bord. Le coffre peut accueillir entre 235 et 1 655 litres de chargement jusqu’au toit selon la disposition des deux rangées de sièges (l’Atto 3 n’est pas en reste de ce point de vue, avec 555 litres, excellent pour un SUV compact).
Des roues de 22 pouces
À l’extérieur, le Tang présente un important porte-à-faux arrière et une proue relativement banale. Il tire en revanche son dynamisme de ses roues, aux prétentions étonnamment sportives : des jantes noires de 22″, des étriers de freins Brembo et des disques perforés comme on en voit rarement sur un SUV, voire jamais à destination d’un usage purement familial.
Enfin, la berline familiale Seal complétera la gamme l’année prochaine, avec un design élancé et un habitacle relativement proche, mais un peu plus conventionnel, de celui de l’Atto 3. Elle viendra concurrencer la Tesla Model 3.
Toutes s’équipent de batteries performantes, fabriquées en interne, puisque BYD est à l’origine fabricant de batteries depuis 1995 et représente l’un des deux leaders mondiaux du marché, après CATL. L’Atto 3 dispose ainsi d’un accumulateur de 60,5 kWh de capacité et les Han et Tang, d’un peu plus de 85 kWh.
Great Wall Motor – Wey
Ora Cat | Nos photos de la citadine électrique au Mondial de l’Auto+20
Photo d’illustrationCredit Photo – Autonews
Chez Great Wall, la spécialité c’est le tout-terrain, ou plus spécifiquement le pick-up depuis 1976. Une culture qui a mené la marque jusqu’à devenir numéro 1 sur les SUV en Chine et à vendre 11 millions de véhicules. Depuis 2016, une sous-marque du groupe a été lancée avec pour nom celui du fondateur de GWM, Jack Wey. Wey se spécialise dans les SUV premium.
Une fois encore, on ne peut relever la trace des enseignements de BMW dans les produits GWM. Cependant, la réalisation n’a effectivement rien à envier aux standards européens. Pas jusqu’au point d’égaler l’ergonomie ou le raffinement de la marque à l’hélice mais sans aucun doute suffisante pour parler d’un haut de gamme à la chinoise. Les matériaux employés ne présentent à première vue aucune fausse note, les empiècements en suédine des contre-portes sont cette fois à l’avenant de la qualité des cuirs, le tout complété par un choix de coloris chaleureux et distingué comprenant par exemple le marron foncé ou une association de beige et de mauve ou de bleu.
« Coffee » court et « Coffee » long
La gamme exposée se compose de deux SUV : les Coffee 01 et Coffee 02. Le premier est aussi le plus imposant, avec 4,87 m de long et une calandre fort bien pourvue en chrome à barrettes verticales. Le logo Wey, une fine barre sur la quasi totalité de sa hauteur, se superpose à la grille et fait penser dans une certaine mesure aux gros SUV américains signés Lincoln.
Le Coffee 02 se distingue principalement par ses motifs de calandre plus complexes et grillagés, mais surtout par une longueur inférieure qui le fait passer à la catégorie du dessous, celle des SUV familiaux (4,68 m de longueur). Avec cinq places à bord dans les deux cas et suffisamment d’espace, le plus compact des deux profite d’un petit avantage sur le confort d’installation des passagers arrière, avec des appuie-têtes plus enveloppants.
146 km d’autonomie en mode tout électrique
Hybrides rechargeables, ils annoncent jusqu’à 146 km d’autonomie en mode tout électrique, grâce à des batteries conséquentes de 34 kWh pour le Coffee 02 et 39,7 kWh pour le Coffee 01, équivalentes à celles de citadines 100 % électriques pour des poids totaux en rapport, de respectivement 2,2 t. et 2,3 t. environ. Le plus petit peut être choisi en deux ou quatre roues motrices. Le Coffee 01 et sa transmission intégrale associe, comme le 02, un moteur électrique à un bloc essence 2.0 turbo pour une puissance combinée de 476 ch et un couple de 847 Nm.
55 900 € pour le SUV plug-in hybrid
Avec tout l’équipement embarqué de série, dont les multiples écrans de bord (14,6″ au centre, au-dessus d’un afficheur incliné de 9″ pour la climatisation ainsi qu’une instrumentation horizontale discrètement intégrée derrière le volant de 9,2″, auxquels s’ajoute l’affichage tête-haute de 7,5″ sur le Coffee 01) et un panel complet d’aides à la conduite, le Wey Coffee 01 est proposé en Allemagne à partir de 55 900 €, voire 59 900 € en finition supérieure où tout est inclus d’origine. Le « made in China » n’est plus tout à fait vendu à prix cassés mais n’en demeure pas moins très compétitif, pour ne pas dire imbattables à fiches techniques équivalentes aux modèles européens.
Great Wall Motor – Ora
Ora Cat | Nos photos de la citadine électrique au Mondial de l’Auto+20
Photo d’illustrationCredit Photo – Autonews
Deuxième composante du groupe GWM sur ce salon parisien, Ora se concentre sur les motorisations électriques et un esprit plus fun, plus original. Ses voitures se nomment « Cat » et le style aux phares ronds cerclés de chrome, les lignes épurées des carrosseries, l’inspiration « cartoonesque » ou encore le logo en point d’exclamation interpellent.
La Funky Cat entre citadine et compacte
D’un côté, l’Ora Funky Cat, également disponible en version « GT » à l’esthétique plus sportive, est une citadine dont la silhouette évoque la Fiat 500 alors que la face avant se rapproche plus de la Mini (la plate-forme sera à ce propos partagée avec la future Mini électrique). Mais qui aurait pris un sacré volume. Puisqu’avec 4,24 m de long, 1,83 m de large et 1,60 m de haut, la Funky Cat présente des cotes de SUV urbains sans en avoir l’air. Elle est d’ailleurs comparable sur les mesures à un Volkswagen T-Roc, ce dernier étant d’ailleurs à peine moins imposant en hauteur et largeur. Et en ce qui concerne la partie arrière, elle surprend par l’impression de ne pas posséder de feux ! Ils sont en réalité dissimulés dans un bandeau lumineux sous le verre de la lunette arrière.
La « petite » chinoise sacrifie son coffre (228 litres seulement) au profit d’un espace arrière extrêmement vaste pour la catégorie, autant pour la tête que pour les jambes. Un point que son marché d’origine apprécie tout particulièrement. On se sent à son aise par le volume disponible mais également par les couleurs, le confort et la présentation moderne. Avec deux écrans de 10,25″ alignés sur une même tablette dépassant pour moitié de la planche de bord, des gâchettes de climatisation en partie basse très « Mini » dans l’esprit et des matériaux de bonne facture, le chic est de mise. Deux batteries sont au choix : 47,8 kWh ou 63,1 kWh.
The Next Ora Cat pour le grand tourisme sur batterie
Des capacités qui pourraient lui apporter de la polyvalence. Dans ce but, le second modèle présenté par Ora est un coupé quatre portes de 4,87 m de long, pour 1,50 m de haut et 1,86 m de large, doté d’une batterie plus volumineuse (83,5 kWh) et d’une dotation tout aussi complète. Il s’agit de l’Ora The Next Ora Cat (sic).
On y trouve un toit vitré panoramique fixe en surplomb d’un habitacle qui invite au voyage. La garde au toit est certes limitée mais suffisante et la marge est grande pour les jambes des passagers arrière. Le rappel à une certaine Bugatti Chiron prend tout son sens en s’attardant sur la console centrale et son alignement de trois boutons rotatifs sur une platine en métal. Le parallèle est plus criant avec la sellerie couleur caramel de l’un des exemplaires présents sur le stand. L’ambiance cuir et métal anodisé s’étend jusqu’aux poignées de portes ainsi qu’aux aérateurs arrière centraux. La qualité perçue fait très bonne impression.
408 chevaux et une belle image
The Next Ora Cat s’inspire davantage des productions Porsche à l’extérieur, dans une logique néo-rétro. De quoi justifier des performances intéressantes grâce à ses quatre roues motrices et ses 680 Nm de couple pour 408 chevaux. Limitée à 180 km/h, elle passe les 100 km/h en 4,3 secondes. C’est moins qu’il n’en faut pour parcourir le stand Ora et, plus largement, ceux des deux grands groupes chinois ayant fait le déplacement jusqu’à Paris. Ils viennent de loin pour se faire connaître et pourraient bien avoir gagné en une semaine une place plus pérenne dans l’esprit des visiteurs, notamment lorsque ceux-ci envisageront de renouveler leur auto. Au détriment des grands constructeurs historiques qui, non contents de leur transférer leurs technologies, ont préféré leur laisser le champ libre.
En bref
Les constructeurs ont débarqué en force au Mondial de l’Automobile 2022. L’occasion de se pencher sur les marques présentes et ce qu’elles vont proposer en Europe dans les prochains mois.
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